Puis-je consommer du fromage si je suis intolérant au lactose?

Oui, bonne nouvelle! La plupart des fromages contiennent très peu de lactose. À l’exception de certains produits frais, comme la ricotta et le cottage, il n’est pas nécessaire de restreindre tous les fromages de votre alimentation, ni même de les acheter avec une mention sans lactose. Les fromages fermes et les fromages vieillis contiennent uniquement des traces de lactose. Vous pouvez donc consommer sans crainte des portions modérées de cheddar, de mozzarella, de suisse et même du brie et du camembert. De quoi réjouir les amateurs de bons fromages ! Quand il est question d’intolérance au lactose (un sucre présent dans le lait), il n’est pas rare que les gens limitent les produits laitiers de façon excessive par peur d’avoir des symptômes. Et on peut les comprendre, car il n’y a rien de plus désagréable que de ressentir du ballonnement, des crampes abdominales, ou même d’avoir de la diarrhée après un bon verre de lait.       

 

Mais au juste, que se produit-il dans les cas d’intolérance au lactose?

Cette condition s’installe lorsqu’une personne ne produit plus suffisamment de lactase, l’enzyme nécessaire pour digérer le lactose. Une simple diminution de production de lactase n’est pas suffisante cependant pour poser un diagnostic. Il y a intolérance au lactose lorsque cette incapacité à digérer normalement ce nutriment mène à des symptômes gastro-intestinaux. Certaines personnes ressentiront aussi des maux de tête et de la fatigue, mais ces symptômes sont moins fréquents.

Il faut savoir qu’il est normal en vieillissant de produire moins de lactase. C’est le cycle normal de la vie. Dès la naissance, le nourrisson en fabrique en grande quantité, afin de scinder le lactose en glucose et en galactose, deux sucres qui servent à la production d’énergie, aux fonctions immunitaires et au développement du système neurologique du bébé. Après le sevrage de l’allaitement ou du biberon, une diminution naturelle de la production de lactase s’observe chez la plupart des humains. Et au fil du temps, certains n’en produiront plus suffisamment pour consommer normalement du lait. Certaines maladies intestinales peuvent également causer une intolérance au lactose, temporaire ou permanente. C’est le cas par exemple de la maladie cœliaque (maladie auto-immune causée par le gluten).

L’intolérance au lactose est fréquente chez certains peuples. C’est le cas notamment chez les personnes d’origine africaine ou asiatique. Au Canada, la prévalence est beaucoup plus faible et serait estimée à un peu plus de 15 adultes sur 100. Cette grande variabilité dans la capacité à produire de la lactase s’expliquerait par des changements dans le code génétique, ayant eu lieu il y a plusieurs milliers d’années, quand les hommes ont commencé à domestiquer les bovins pour en boire leur lait. Selon certains experts, les peuples friands de lait auraient conservé de meilleures capacités à digérer le lactose, puisqu’ils n’ont jamais cessé d’en consommer.

 

À part les fromages, peut-on manger d’autres produits laitiers?

Oui, c’est même encouragé, car les produits laitiers sont une source importante de calcium et de vitamine D, des nutriments importants pour la santé osseuse. En les éliminant complètement, on s’expose à un risque de carence. Une étude sérieuse a démontré il y a quelques années que la plupart des intolérants au lactose tolèrent jusqu’à 12 g de lactose à la fois, soit environ 1 tasse de lait. Pas trop mal quand même!

Pour un confort digestif optimal, on suggère de consommer les produits laitiers riches en lactose (lait, crème glacée, fromages frais) en petites quantités à la fois et avec les repas. Le yogourt est généralement bien toléré en petite quantité (1 ou 2 petits contenants) car les bactéries présentes dans le produit digèrent une partie du lactose. Pour ceux qui ne souhaitent pas conserver de produits laitiers dans leur alimentation, le marché regorge de boissons végétales aux goûts variés. Ces boissons sont adéquates sur le plan nutritionnel seulement lorsqu’elles ont été enrichies en calcium et en vitamine D. Il est donc important de rechercher la mention « enrichie » sur l’étiquette du produit si on opte pour celles-ci.

Il existe également des gouttes ou des comprimés de lactase vendues en pharmacie. Elles sont très pratiques lors des repas consommés à l’extérieur, quand on ne contrôle pas les ingrédients au menu.

 

Références

1. Lomer MCE. Review article: the aetiology, diagnosis, mechanisms and clinical evidence for food intolerance. Alimentary Pharmacology & Therapeutics. 2014 Dec 3;41(3):262–75.

2. Deng Y, Misselwitz B, Dai N, Fox M. Lactose Intolerance in Adults: Biological Mechanism and Dietary Management. Nutrients. 2015 Sep 18;7(9):8020–35.

3. Szilagyi A, Ishayek N. Lactose Intolerance, Dairy Avoidance, and Treatment Options. Nutrients. 2018 Dec 15;10(12):1994.

4. Barr SI. Perceived lactose intolerance in adult Canadians: a national survey. Applied Physiology, Nutrition, and Metabolism. 2013 Aug;38(8):830–5.